« Césures ou échelles des temps ? » (2023-24)


Programme 2023-2024

                                          L’année 1989

 

Au cœur des questionnements de ce séminaire interuniversitaire figure, depuis sa création en 2003, le problème des rapports entre visible, lisible et intelligible dans la « fabrique » mémorielle ─ imposant d’associer les approches historique et esthétique et de confronter écriture de l’histoire et construction de la mémoire. Ces questions prennent aujourd’hui une actualité brûlante, dans le cadre des récents bouleversements géopolitiques qui rendent nécessaire une réflexion sur la manière dont les images en circulation façonnent nos imaginaires et nos savoirs. 

Nous inaugurons, à l’automne 2023, un nouveau chantier de réflexion pluriannuel consacré aux dates considérées comme historiques. À partir d’une césure communément admise, on questionnera l’écart entre l’histoire et la mémoire de l’événement en vue d’identifier (ou non) une coïncidence entre l’histoire politique et sociale, celle des techniques et celle des formes audio-visuelles ou filmiques, qu’il s’agisse d’œuvres de fiction, de documentaires ou de productions télévisuelles. Il conviendra également d’évaluer la pertinence de la césure selon l’événement qui la fonde et l’ère géopolitique où elle intervient. 

On évoquera notamment dans une perspective comparative, à la fois diachronique et synchronique :

- la pertinence d’un découpage au sein d’une continuité historique, selon les temporalités considérées.

- la diffusion de techniques et les modes de circulation des images. Le support vidéo a-t-il modifié notre mémoire des événements et du cinéma ? Comment l’inflation médiatique permet-elle à Harun Farocki et Andrei Ujica de faire une proposition filmique de critique des médias dans Vidéogrammes d’une révolution ? Dans quelle mesure cette technique a-t-elle permis l’émergence d’une industrie cinématographie comme Nollywood ?

- l’étude de cas à partir d’un film : Le Syndrome asthénique (Астенический синдром) de Kira Mouratova, dont la réalisation précède de peu l’année 1989, marque-t-il l’amorce d’un changement de paradigme ? 

- l’étude de cas à partir d’événements historiques : La chute du mur, est-elle une césure dans l’histoire du cinéma allemand ? Le retrait des troupes soviétiques en Afghanistan en 1989 après une guerre de dix ans, marque-t-il pour autant la production de films afghans, le sujet des films et leur condition de production ? 

- L’étude de cas à partir d’une aire géographique et culturelle : l’année 1989 coïncide avec les débuts de Nollywood, au Nigéria. 

 

Le séminaire interuniversitaire (Paris 8/ Paris 1/ Paris 3/ Bordeaux Montaigne) a lieu à la galerie Colbert (INHA), les jeudis de 18h00 à 20h00

 

 

 

Programme des séances

 

 

19 octobre 2023 – salle Jullian

Introduction de Sylvie Rollet (université de Poitiers) et Matthias Steinle (université Sorbonne Nouvelle)

Intervenants invités : Raymond Bellour (Directeur de recherche honoraire au CNRS) et Laurent Guido (université Sorbonne Nouvelle)

 

9 novembre 2023– salle Jullian

Eugénie Zvonkine (université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis) : « Kira Mouratova ou l’amorce d’un changement de paradigme » 

répondante : Macha Ovtchinnikova (université de Strasbourg)

 

7 décembre 2023 – salle Jullian

Matthias Steinle (Paris 3 Sorbonne nouvelle) : « 1989 vu/vécu par le cinéma allemand : des images oubliées dans une mémoire divisée »

répondante : Ania Szczepanska (Paris 1 Panthéon-Sobonne)

 

8 février 2024 – salle Jullian

Clément Puget (université Bordeaux Montaigne) : « Chronologie pour un “événement-monstre“ dans le cinéma d’Andrei Ujica »

répondante : Marguerite Vappereau (université Bordeaux Montaigne) 

 

14 mars 2024 – salle Jullian

Benoît Turquety (université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis) : « L’émergence de Nollywood et la technique vidéographique »

répondante : Christa Blümlinger (université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis)

 

4 avril 2024 – salle Benjamin

Agnès Devictor (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) : « L’effet du retrait des troupes soviétiques en 1989 et ses marques dans le cinéma afghan »

répondante : Chloé Drieu (chargée de recherche CNRS)