Programme du séminaire 2013-2014


« Construire, détruire : Mémoires filmiques de l’ “ Autre ” » (2e année)




Calendrier 2013-2014 :

  


Le mercredi de 18h à 20h à l’INHA ‑ salle Benjamin

1.     27 novembre 2013 :
Ouverture du séminaire. Conférence inaugurale de Marie-José Mondzain, philosophe, CNRS.

2.     4 décembre 2013 : Olivier Zuchuat (réalisateur, ancien assistant de Matthias Langhoff, enseignant à la Fémis) et Corinne Maury (université Toulouse II).

Présentation et discussion de son essai documentaire Comme des lions de pierre à l'entrée de la nuit (sortie prévue novembre 2013) »

Sur l’île de Makronissos, plus de 80 000 citoyens grecs ont été internés entre 1947 et 1950 dans des camps de rééducation destinés à lutter «contre l’expansion du communisme». Parmi ces réprouvés, des poètes comme Yannis Ritsos ou Tassos Livaditis ont continué d’écrire, malgré les privations et la torture. Ces textes, enterrés dans des bouteilles, ont été récupérés quelques années plus tard. Ce sont eux qui structurent l’évocation de Makronissos. Olivier Zuchuat n’étant ni Grec ni historien, les poèmes lui permettent de ne pas prendre la place des déportés.

3.     22  janvier 2014 : Christa Blümlinger, université Paris 8.

« La scène de l'archive et l'altérité figurée »

Face à des films d'essai qui mettent en scène des archives de l'époque coloniale, il sera question d'analyser comment ces films développent une capacité particulière à faire surgir ce qu'on pourrait appeler avec Reinhart Koselleck des « couches de temps », c'est-à-dire à montrer des vitesses variables à laquelle telle ou telle figure de l'autre atteint une visibilité ou une audibilité spécifique.

4.     19 février 2014 : Consuelo Lins, réalisatrice, université fédérale de Rio de Janeiro, Brésil

« L'image qui manque: la nourrice et la nounou dans les images de famille au Brésil » : discussion autour de Nounous (20 min), film réalisé par Consuelo Lins. 

Nounous est un film qui mélange des éléments autobiographiques à une réflexion sur la présence des nourrices dans le quotidien de nombreuses familles brésiliennes, sujet peu traité dans la production audiovisuelle contemporaine. Il s'agit d'un regard sur une situation typiquement brésilienne, dans laquelle l'affect est un fait sans pour autant diluer l'oppression, laissant entrevoir certains aspects de notre passé d'esclavage. Une narration subjective intègre des photos,  des films de famille et des petites annonces de journaux du début du XXe siècle à des images actuelles de nourrices avec des enfants, filmées dans les plages et squares de Rio de Janeiro.

5.     19 mars 2014 : Philippe Despoix, université de Montréal (Canada)

« Remémoration ciné-photographique et performance orale. Warburg et le mythe de Kreuzlingen »

La réflexion, qui s’inscrit dans le cadre d’un ouvrage en préparation sur Photographie et Anthropologie, portera sur la conférence donnée par Warburg sur les Hopis à Kreuzlingen. À partir des diapositives réellement projetées par Warburg, la performance de Kreuzlingen apparaît comme un double théâtre de la mémoire : celle de Warburg lui-même face aux Hopis et celle que mobilise la transmission de formes spécifiquement païennes de pathos.

6.     2 avril 2014 : Maureen Murphy, histoire des arts de l’Afrique, université Paris 1

« Les Statues meurent aussi de Chris Marker (1953) ou l'ambiguïté du rapport à l'Afrique »

Le film d'Alain Resnais et Chris Marker, Les statues meurent aussi (1953) est bien souvent envisagé sous l'angle de sa portée anti coloniale, mais qu'en est-il du traitement des images et de la représentation de l'Afrique ? Une analyse précise de la façon de filmer les objets et les hommes permettra de nuancer la portée politique du film, d'en complexifier l'approche pour mieux souligner l'ambiguïté du rapport à l'Afrique mis en scène par les auteurs.

7.     7 mai 2014 : Vicente Sanchez-Biosca, université de Valence (Espagne)

« Filmer-monter (les images de) l’ennemi : autour de deux images filmiques de 1936 »

Deux images, à la fois photographiques et cinématographiques, condensent la « persécution religieuse » en Espagne lors de la guerre civile de 1936-1939, au travers du « martyre des choses » : l’une montre la profanation de cercueils contenant les momies de religieuses ; l’autre met en scène l’exécution par un peloton improvisé de l’image du Sacré-Cœur. Prises et filmées par des caméras solidaires de l’action, ces images ont réapparu quelques mois plus tard dans le film de propagande commandé par Goebbels Geissel der Welt (1937) et, dans une chaîne vertigineuse, ces brefs fragments circulèrent à profusion en Allemagne, Suisse, France, Italie et, bien sûr, en Espagne. Désancrées de leurs énigmatiques origines, ces photos et extraits filmiques devenaient auto-accusatoires, une expression de l’orgie bolchévique.

8.     11 juin 2014 (salle Jullian) : Gertrud Koch, Freie Universität (Berlin) 
« De l’altérité des temps historiques ou l' « autre » histoire est notre histoire » :
 Rupture et généalogie. L'ouvrière, victime de la révolution. Remarques sur Madame Dubarry de Lubitsch.

The lecture asks the question how far our cultural memory is based on uninterrupted chains of signs and practices. The History film plays the role of an endless sewing machine, stichting together past and present, images and imagery. In the case of Madame Dubarry, I'm interested in the continuity from the guillotine to the photographic apparatus and it's metaphors of shooting and re-using the term of the guillotine.